mercredi 25 novembre 2009

Communication de V. Barbu

Approche fonctionnelle des formes nominales d’adresse dans l’interaction didactique. Etude comparative dans le domaine français/roumain

Valentina Barbu
Université de Provence, LPL, Aix-Marseille I
Université de Bucarest, « Langues et identités culturelles », LLE


La plupart des travaux antérieurs sur les termes d’adresse adoptent une approche sociolinguistique, dans la lignée de la célèbre étude de Brown & Ford (1961), qui fait en la matière figure de prototype. Notre approche, qui se situe dans une perspective essentiellement pragmatique et interactionnelle - v. Kerbrat-Orecchioni & De Chanay (sous la dir.), publication prévue courant  2010 -, vient compléter, tout en s’en démarquant, les nombreux travaux antérieurs sur les termes d’adresse. Ainsi est-elle focalisée essentiellement sur les formes nominales d’adresse (dorénavant FNA), le pronom étant pris en compte dans la mesure où il fonctionne avec le nom selon un principe de co-occurrence (Ervin-Tripp 1972), à partir de données orales authentiques. Comme notre corpus est constitué d’enregistrements des cours de langue française et roumaine, telles qu’elles sont produites par des locuteurs de L1, un objectif particulier s’y ajoute, à savoir l’étude comparative des réalisations de ces formes d’adresse.
Pour répondre à ces objectifs, nous avons analysé ces unités en fonction d’une grille d’analyse qui comprend: classes de FNA&occurrences, distributions syntaxiques et fonctions, types d’actes de langage avec lesquels elles se combinent, et types de FNA (ici, directes et indirectes).
Les résultats de notre analyse mettent en évidence tout d’abord la multifonctionnalité de ces unités, susceptibles d’assumer des rôles très divers en contexte. En effet, une même forme d’adresse peut recevoir des valeurs différentes selon sa distribution syntaxique, son environnement cotextuel, ou le type d’acte de langage qu’elle accompagne. Ainsi les FNA peuvent-elles renforcer le caractère poli d’un énoncé, lorsqu’elles sont associées à certains actes tels la salutation ou l’évaluation (positive), mais elles peuvent aussi augmenter la valeur menaçante de certains actes de langage, comme les requêtes (associées à un reproche). En outre, une nouvelle catégorie de FNA voit le jour, à savoir les formes indirectes d’adresse, qui constitueraient une sorte de système d’adresse parallèle, hautement performant dans l’interaction scolaire.
Dans une perspective comparative (le domaine français-roumain), les valeurs et les fonctions de ces unités linguistiques ne sont que sensiblement différentes d’une langue à l’autre, ce qui montre le caractère « scripté » de l’interaction étudiée. Le fonctionnement des FNA dans l’interaction de classe montre d’une part leur participation à la redéfinition des rôles interlocutifs tout au long du déroulement de l’interaction, et d’autre part, leur participation à l’établissement, au maintien ou au renversement d’un certain climat socio-affectif. Les classes de FNA et le nombre d’occurrences sont, en revanche, assez différents en français et en roumain. Ainsi le français fait-il appel à des FNA qui sont reparties en plusieurs classes, alors que le roumain dispose d’un panel plus développé de formes à l’intérieur de la même catégorie. Mentionnons, par exemple, l’existence d’un grand nombre de patronymes en roumain pour désigner les interpellés, tandis qu’en français on mentionne les « noms de fonctions » pour le même phénomène. Ces différences relèvent soit du côté historico-culturel, soit du côté organisationnel de la classe de langue maternelle.


V. Barbu - Les FNA-séminaire didactique Aix                                                                                                                                            

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